Les Sources de tar : Épisode 4

cd, bin des grands chemins

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[L'épisode précédent]

Ils avançaient, cd en tête, cpp derrière et cc fermant le groupe. Le che/min devenait difficile et abrupt. cpp trébuchait souvent et son père le retenait à chaque fois. Il devait fatiguer, le petit.

cd, régulièrement, se retournait et lançait : « On va arriver, on arrive. » ou bien « On approche, c'est là. »

Effectivement, la porte du ../ se rapprochait, et, même loin, la Marche usr s'imposait de plus en plus.

La route montait, et ils devaient franchir des rochers, éviter des secteurs, contourner des inodes.

Ils arrivèrent devant un . plus gros que les autres. cpp s'écria :

— Ça y est, on est arrivés !

cc le reprit :

— Bin, mon garçon, encore un effort, le 2e . doit être là-haut.

cd se retourna, doigt tendu en arrière :

— Mais on est sur le 2e. Le 1er est là-bas, en bas. On l'a déjà passé !

cc regarda dans la direction. Son regard se fixa sur un . qu'ils venaient de passer.

— Je comprends pas. On le voit d'ici, très bien, et quand on est passé devant, personne ne l'a remarqué ? Faut m'expliquer !
— Les portes ../ fonctionnent toutes pareillement. Le 1er . ne peut exister, tout seul, puisqu'elles s'appellent… Tu ne le vois que quand tu l'as passé, sur le 2e. Tant que tu es sur le 1er, tu es de l'autre côté. Du côté que tu quittes, quoi. Et sur le 2e tu bascules de l'autre côté. Il n'y a jamais de porte ./, tu n'as…

Il n'a pas eu le temps de finir sa phrase que cpp, fatigué, cherchant à s'as/seoir sur le 2e ., fut secoué, rejeté, et virevolta de l'autre côté de la porte. Il finit sa course plus bas, contre un poteau.

cd, fais quelque chose, il va se tuer ! cria cc.

cd, hilare, prit la main de cc et lui fit comprendre que rien n'était dangereux.

— Regardons plutôt le paysage, dit-il avec sang-froid.

Pendant que cpp remontait, cd et cc regardaient le paysage. Devant eux s'ouvrait toute la cas/te usr. Une longue plaine, entourée de montagnes, toutes accessibles par une vallée protégée par une porte.

cd, de passeur, devenait guide touristique :

— Là, tu vois, c'est les peintres et les graphistes.
— Où ça ?
— Là-bas, à droite, la porte avec une grande croiX11.
— Et là, c'est quoi, dis ?
interrogea cpp, qui revenait de sa course folle.
— Ça, c'est les grands corps d'État. Les lib. Ils savent tout faire… mais, faut savoir le demander.
— Et eux, qui c'est, hein ?
demanda le gamin.

cd jeta un œil dans la direction indiquée, et, rapidement, pris cpp par le bras et le jeta en arrière. En même temps, il intima à cc de se coucher.

— Vite, au sol, couchez-vous !

À peine par terre, cd précisa :

— Les cont_rôleurs. Ils montent par ici. Vite, trouver une planque…

Au ras du sol, les trois compères descendirent de l'autre côté de la porte, vers la plaine usr. Puis, rapidement, quittèrent le sentier du .. et prirent un chemin plus discret.

cc bougonna :

— Je voudrais que tu m'expliques, là.
— Filons, vite, on verra après.

cpp en tête, il arrivèrent dans une clairière vide. D'un coup d'œil, cd s'assura qu'ils étaient seuls. Pas de bin, pas de adm, pas d'autre usr. Cette zone semblait vide. Un inode, apparemment vide aussi, se trouvait devant eux.

cc s'en approcha, et lut à haute voix l'écriteau sur la porte :

— NPIA… Ça veut dire quoi ?
— N'habite Plus à l'Inode Affecté
— Le locataire est mort ? La Grande Reconst/ruction ?
— Non, pas forcément. Les gens que l'on vient de voir, et que l'on fuit. C'est eux qui mettent ce panneau.
— Ah… Qui c'est EUX ?
dit cc, poings serrés, prêt à en découdre.

cd fit semblant de ne pas remarquer l'animosité de son compagnon :

— Écoute, ceux-là, c'est les pires que j'aie jamais rencontrés. Tout ce que j'en sais, c'est qu'ils ser/vent le KerneL, et visitent de temps en temps les ca/stes. Comme ça, sans raison. Des espions, quoi. Et même si t'es en règle, ils te fouillent, te font ch/ier. Faut avoir tes papiers, montrer où t'habites, la totale, quoi.
— Mais pourquoi ?
— Secret d'État. C'est le service des contrôles. Nous, les passeurs, on les aime pas. On les appelle les Fous Systématiques du Contrôle du KerneL. Y passent pas souvent, mais quand tu peux les éviter…
— T'en sais des choses !
dit cc à son compagnon, admiratif. Lui qui ne sortait pas souvent de chez lui…

Ils venaient d'entrer dans l'inode libre. cd s'assit et dit :

— Ils ont déjà contrôlé ici, ils reviendront pas. On va attendre un peu et se reposer.

cpp s'allongea, la tête vers le ciel.

— Dis, Papa, c'est quoi, ces lumières dans le ciel ?
— Tu vois, Fiston, le KerneL, il travaille tout le temps. Et quand il travaille, il allume de temps en temps des lampes, là-haut.
— Mais, ça sert à quoi ?
— Je sais pas, j'ai toujours vu ça.
— C'est le grand miroir du KerneL,
dit cd, chaque étoile est une image de la vie des c/astes. Quand une brille, c'est qu'un bin travaille.
— Mais ça sert à quoi ? insista le gamin.
— Tu vois, petit, là, on cherche les sources de tar, pour la mission de ton papa. Quand on aura trouvé, le KerneL vous fera venir là-haut/.
— Pour quoi faire ?
— Bin, pour travailler.
— Oh, regardez, y'a des étoiles qui tombent…
cria cpp. Il se leva, cherchant des yeux le point de chute.
— Elles sont où, maintenant ?
— Elles sont tombées sur les zones inaccessibles. C'est hors du pays des sl/ashs. Le purgatoire. Au bout d'un moment, le Kernel les rappelle, elles remontent et brillent à nouveau. Maintenant, dodo !

cpp ne mit pas longtemps à sombrer.

cc rumina :

— Ouaip, mais bon, tout ça me dit pas comment trouver ces p_t__ns de sources.
— Écoute, ton gamin doit dormir. Après, on ira. On n'est pas loin, tu sais. Quelques portes de sous-/c/astes à passer, et le territoire des src est à nous.
— T'es gentil, toi. Je suis content de passer avec toi. Mais combien de portes nous reste-t-il ?
— Pourquoi es-tu si anxieux ? On n'est pas bien, là ?

Après un long silence, pendant lequel cc regardait son fils dormir, il réagit :

— Tu sais, toi, tu te promènes tout le temps. Tu vois plein de gens, de territoires, du pays. Nous, les cc, on fait un truc à la fois. Chaque mission est organisée, prévue. On arrive aux sources, on fabrique, on rentre chez nous. Quand on travaille, il faut pas d'imprévu. Faut que tout soit nickel. À la moindre erreur, on arrête. On dit qu'on peut pas ou qu'on comprend pas. À force, Dieu, il s'énerve. Mais c'est dans la nature d'un cc. Alors, comprends-moi… Je veux trouver ces sources.
— Okay. T'as du courage ? Alors, prends ton fils sur ton dos. On y va !
cd se leva et reprit la route.
— Hé, cd… Merci… dit cc, reconnaissant. Il n'aurait jamais pu faire ce voyage tout seul.

Après une heure de route, ils passèrent la porte en croiX11. Puis, celle des lib, et encore d'autres. cpp dormait toujours sur le dos de son père.

Au bout d'un moment, cd regarda sa montre.

— On est à l'heure, souffla-t-il.
— Pourquoi ?
— Le KerneL aurait pu nous faire des reproches. On a un peu trainé. Mais regarde devant toi… Là, la porte.

cc posa son fils, regarda la porte devant laquelle ils s'étaient arrêtés. Un panneau signalait : « Ici, commence le monde des sources ».

Un vacarme assourdissant retentit. Le sol se mit à trembler. Tout autour semblait tomber.

cc eut à peine le temps de regarder vers son compagnon. Celui-ci était déjà à terre. Il se jeta, lui aussi, contre le sol.

Un énorme engin passa au-dessus de leurs têtes, accompagné d'un bruit mécanique infernal. Trac - a - trac - a - trac…

Puis, de nouveau, le silence.

— C'était quoi, ça ? bégaya cc, insistant sur le « ça » d'un air dégoûté.
— Je le vois parfois, mais je ne sais pas exactement. J'ai remarqué que c'est toujours après le passage des contrôleurs. On m'a dit, un jour que c'est un de la caste des /dev/dsk qui fait le ménage…
— Brrr… Ça fait peur
, murmura cpp, complètement réveillé.

cc s'était relevé et regardait cette porte des src.

— Bon, qu'est-ce qu'on attend ?
— Fais gaffe, je connais pas, ici, mais on dit qu'il y a plein de pièges. Va, et je garde ton fils
.

cc se tourna tour à tour vers son fils, son ami cd, et d'un ton ferme :

— Kay, j'y vais.

Et il franchit la porte sans attendre de réponse.

À peine de l'autre côté, englouti par la porte src, cc entendit un long cri, puis, cette chansonnette :

OUUUULLLLAAAA, doudidoudon… Tu as franchi la porte…
OUUUUULLLLAAAA douuudiidddidaaa… Tu es un cloporte…
OUUULLLLAAAA doudidon, la question je te pose !!!
OULLLAAAA doudidaaa, la réponse en prose…

[Épisode 5 à suivre : Un cc chez les src]

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